Messages visuels

Il est évident que le maquillage ne demande pas un temps de production aussi grand que la fabrication des décors ou la confection des costumes. Mais il serait naïf de penser qu’il se réduit à l’application rapide de fond de teint lors de la première du spectacle. Il requiert une réflexion esthétique tout aussi importante. S’il peut être en effet une technique efficace pour contrôler l’effet de la lumière sur les visages et éviter que les comédiens n’aient l’air de draps blancs sur scène, le maquillage a été, de tout temps, une façon symbolique d’exprimer les émotions et les caractères des personnages. Il peut donc être à la fois réaliste, si l’univers présenté l’impose, ou complètement poétique, devenant parfois une véritable œuvre d’art en soi (ou body painting). Le maquillage est lui aussi au service d’un tout, et est l’une des choses que les spectateurs voient en premier. Son message doit être intelligible, fort et pertinent et ne doit pas transmettre des couleurs et des formes détachées du propos de la pièce.

Le maquilleur doit lui aussi assister à quelques répétitions, afin de bien comprendre dans quel univers se trouvent les personnages. Il peut aussi scruter de plus près la gestuelle faciale de chaque acteur, et ainsi créer des maquillages propres à chacun, qui viennent subtilement se fondre à l’interprétation de l’acteur.

Car l’humain demeure au centre du travail de maquilleur. Élène Pearson, maquilleuse professionnelle, ajoute même, à la blague : «J’adore travailler sur un support (tableau) qui me parle et bouge. C’est en fait de la peinture expressive et vivante qui continue d’évoluer sur scène!»

Attention particulière

Le maquilleur a en tête l’espace théâtral et scénique. En effet, un maquillage qui peut paraître grotesque de près, deviendra à peine perceptible de loin, et son travail varie considérablement si le spectacle se déroule dans une petite ou une immense salle. Il considère également les propositions de l’éclairage avant de finaliser son travail, afin d’éviter que les comédiens ne projettent malgré eux toutes sortes de bizarreries colorées qui viendraient déranger le spectateur.

Dernier droit

Le gros du travail du maquilleur se fait quelques jours avant la première. C’est lors de la « costumière » qu’il applique ses maquillages pour la première fois aux visages des comédiens. Ces derniers les intègrent comme toutes autres pièces du costume. Il ne reste alors que quelques jours pour apporter des modifications, si nécessaire. Le maquilleur sait que ce sont les interprètes eux-mêmes qui feront leur maquillage durant toute la durée des représentations et doit parfois les simplifier afin que ces derniers puissent facilement les reproduire, confortablement et fidèlement, soir après soir.